Histoire de la Guadeloupe

Histoire de la Guadeloupe
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Karukera

C’est ainsi que Christophe Colomb, stupéfié par l’abondance de la végétation, surnomma celle qu’il découvrit un matin de novembre 1493, au cours de son second voyage vers les Indes Occidentales. Depuis plus de deux mois, la traversée de l’Atlantique s’éternisait. Les réserves en eau menaçaient de s’épuiser et l’équipage, un peu plus tôt, avait subi une violente tempête. Sans autre recours, le navigateur s’était tourné vers Santa Maria de Guadalupe. Parvenu sain et sauf en vue d’une terre verdoyante, riche de promesses de ravitaillement, il lui dédia sa découverte. C’est ainsi que, progressivement, on en vint à connaître l’île sous le nom de Guadeloupe. Longtemps auparavant, les Indiens caraïbes l’avaient appelée Karukera, « l’île aux belles eaux ».
On a souvent comparé la Guadeloupe à un papillon déployé sur la mer des Antilles. Au nord, Grande-Terre est en fait, avec 560 km2, la plus petite des deux ailes. Calcaire et peu accidentée, retenant avec peine les eaux de pluie apportées par les alizés du nord-est, elle est le domaine de la canne à sucre et des cabrouets, les chars à boeufs. Sur la côte orientale, ouverte aux 2 ouragans, les déferlantes atlantiques s’abattent avec fracas, alors qu’à deux pas le littoral méridional étale les plus belles plages de la Guadeloupe. Sable doré et eau tiède sont bien au rendez-vous. A l’ouest, à deux pas de la Rivière Salée, un étroit chenal d’eau de mer faisant en fait deux îles de la Guadeloupe, se trouve Pointe-à-Pitre, la ville principale.
Au sud, Basse-Terre (800 km2) est malgré son nom envahie par la masse de l’imprévisible volcan de la Soufrière, culminant à 1467 m. La pluie s’écrase sur les pentes raides des montagnes bouleversées par les éruptions successives et dans les vallées fertiles, nourrissant une flore débridée et des dizaines de torrents éclatant en cascades tumultueuses. Le long des côtes découpées, des villages s’ancrent au fond de baies protégées par de véritables remparts rocheux. Si on cultive également la canne dans la région de Sainte-Rose. On se consacre surtout ici à la banane, au café et au cacao. A la pointe sud-ouest, la petite ville de Basse-Terre endosse, plutôt que Pointe-à-Pitre, le rôle de chef-lieu du département.
Avec une population dépassant les 400000 habitants, la Guadeloupe est l’une des îles les plus densément peuplées des Antilles – ce qui n’est pas sans provoquer des problèmes de logement et de chômage. La plupart de ces habitants sont originaires d’Afrique, descendants d’esclaves amenés de force au XVIIe et XVIIIe siècles pour travailler dans les plantations. Si la prééminence de la canne tend à disparaître, le poids du passé reste parfois lourd à porter. Toutefois, le métissage et le passage du temps ont donné naissance à une culture nouvelle, originale où se sont mêlées les influences des uns et des autres.

Histoire

Epoque précolombienne

A l’aube de l’ère chrétienne, des tribus indiennes originaires d’Amérique du Sud remontent l’arc antillais. A partir du IXe siècle, les Arawaks, des agriculteurs pacifiques, sont progressivement chassés et décimés par les Indiens caraïbes, venus de la région de l’Orénoque.

XVe-XVIIe siècle

En 1493, au cours de son second voyage, Christophe Colomb découvre la Guadeloupe ainsi que la Désirade et les Saintes. Après le massacre de plusieurs missionnaires espagnols, l’île reste inoccupée jusqu’en 1626, lorsque débarque un gentilhomme normand, Pierre Belain d’Esnambuc. Neuf ans plus tard, la première tentative d’installation, avec 550 colons français menés par les sieurs Duplessis et Lyenard de l’Olive connaît des débuts très difficiles. Les maladies et les attaques des Caraïbes font des ravages. Pourtant, le commerce triangulaire se met peu à peu en place: des esclaves « importés » d’Afrique commencent à travailler à la culture du coton et de l’indigo. D’abord domaine privé de la Compagnie des Indes Occidentales, l’île change plusieurs fois de mains avant d’être réunie à la Couronne en 1674.

XVIIIe siècle

La culture de la canne nécessitant une main-d’oeuvre toujours plus importante, l’esclavage s’intensifie. Il atteint son point culminant dans la seconde moitié du siècle. Parallèlement, la piraterie et les guerres franco-britanniques jettent à intervalles réguliers le trouble dans l’île. En 1759, la Guadeloupe tombe entre les mains des Anglais. Elle est restituée quatre ans plus tard. En 1794, la Révolution française, sous l’influence de la Société des Amis des Noirs, décide l’émancipation des esclaves. Mais la Guadeloupe, restée royaliste, refuse de se soumettre et fait appel aux Anglais. La Convention dépêche alors Victor Hugues, qui se charge, à l’aide de la guillotine, de faire rentrer les planteurs dans le rang; 4000 d’entre eux sont exécutés.

XIXe-XXe siècle

En 1802, Napoléon, alors Premier Consul, réintroduit l’esclavage. Les hommes affranchis quelques années plus tôt, menés par Delgrès, se soulèvent. La révolte est réprimée dans un bain de sang. A la faveur des guerres napoléoniennes, la Grande-Bretagne occupe à nouveau l’île. Il faut attendre 1846 et l’intervention de Victor Schoelcher, député des Antilles françaises, pour que l’Etat décide finalement l’affranchissement des esclaves de son domaine. Deux ans plus tard, l’abolition définitive est signée: 87 500 esclaves
guadeloupéens retrouvent la liberté. Leurs propriétaires sont indemnisés. La production de sucre s’effondre. Les planteurs recrutent alors des travailleurs dans les établissements français de l’Inde.En 1871, la Guadeloupe fait son entrée au Parlement français. En 1946, elle devient, au même titre que la Martinique et la Réunion, département français.

Pointe-à-Pitre

Du temps où il n’y avait ici qu’un minuscule village de pêcheurs, quelques années seulement après l’arrivée des premiers colons, un pêcheur hollandais nommé Pieter vendait son poisson au bout d’une pointe rocheuse. Les habitants prirent l’habitude de désigner l’endroit comme la  » Pointe à Pieter « . Peu à peu à la faveur des occupations anglaises et des écarts de prononciation, on en vint à parler de Pointe-à-Pitre. C’est toujours autour de la Darse, le port, que bat le coeur de la ville. Cargos et Yachts, barques, saintoises et ferries y jettent l’ancre, s’amarrant le long du quai où chaque matin les vendeuses proposent crabes ligotés et fruits tropicaux. Les régimes de bananes s’entassent, débordant de la halle ouverte sur la mer. Pour quelques euros, pourquoi ne pas goûter aux quenettes, vaguement semblables aux litchis, ou aux ananas bouteilles sucrés, tout juste récoltés. Contre le marché, face à la Darse, la place de la Victoire, cerclée de palmiers royaux et de petits cafés, est un lieu de rendez-vous recherché. On s’y retrouve, on s’y jette des oeillades, on y attend le bus. Son nom commémore la défaite anglaise sous les coups de Victor Hugues, venu rétablir en Guadeloupe le règne de la révolution française. Sur cette même esplanade, nombreuses sont les têtes des petits planteurs qui roulèrent : en ces temps sombres, on y avait installé la guillotine. On reconnaît facilement à l’ouest, l’Office du Tourisme à sa façade blanche et à ses colonnades. Juste derrière, une petite rue mène à la basilique Saint-Pierre et Saint-Paul, site de la grande fête annuelle des Cuisinières. A cette occasion, début août, les femmes âgées de l’île membres de l’Association du Cuistot Mutuel revêtent foulards et madras pour quelques heures d’une fête aux couleurs du passé. Dans un bâtiment noir de monde, on célèbre la messe dans le plus grand apparat. Du haut du balcon supérieur, la vue sur cette marée de costumes rosé et or est spectaculaire. La procession conduit ensuite ces dames à travers les rues, où elles distribuent les produits de leur cuisine. La basilique, détruite par le séisme de 1843 fut reconstruite sur le modèle des bâtiments en fer et acier rendu célèbre par Gustave Eiffel. A quelques centaines de mètres vers l’ouest, la rue Frébault grouille d’activité. Attiré par les bonnes affaires, on y musarde, on y marchande, farfouillant dans les étals des magasins de tissus et de vêtements débordant sur les trottoirs. Au croisement de la rue Peynier, le marché couvert Saint-Antoine regorge de produits frais. C’est l’adresse idéale pour ceux qui souhaitent ramener vanille des îles, cannelle ou épices. En remontant la rue Peynier vers l’ouest, le port dans le dos, on atteint rapidement le Musée Schoelcher, consacré aux travaux et à la vie de l’homme responsable de l’abolition de l’esclavage en 1848. Partout aujourd’hui, à travers les îles, vous rencontrerez places, rues et avenues portant le nom de ce héros des Antilles françaises. De retour près de la darse, on trouve facilement, là où la rue de Nozières croise la rue Achille René Boisneuf, le Musée Saint-John Perse. On y conserve, dans une magnifique demeure coloniale, le souvenir du prix Nobel de Littérature (1960). Fils d’une famille de planteurs, de son vrai nom Alexis Léger, celui-ci quitta à douze ans la Guadeloupe pour ne plus jamais y revenir. Les Guadeloupéens lui en tiennent toujours rigueur, même si certains de ses plus beaux poèmes trouvent leur inspiration dans les palmes et les alizés antillais. La maison possède un parcours étonnant: construite en France en pièces détachées, elle était à l’origine destinée à une riche famille créole de Louisiane. Elle fut vendue en chemin pour permettre de payer les réparations du bateau qui la transportait.

Autour de Grande-Terre

Fermant la rade de Pointe-à-Pitre par l’est, le quartier résidentiel de Bas du Fort conserve de son passé stratégique le fort Fleur d’Epée, une bâtisse massive aux murs de corail gardée par trois formidables canons. En 1794, Anglais et Français se battirent ici au corps à corps pour conserver le contrôle de la colline, considérée comme essentielle à la défense de la Guadeloupe. Un petit musée rappelle les faits, mais l’intérêt principal de l’excursion réside dans le splendide panorama s’étendant sur le littoral et jusqu’à Marie-Galante. On trouve également à Bas du Fort une grande marina et un aquarium.

Vers l’est commence la « Riviera » guadeloupéenne. Sur une trentaine de kilomètres, du Gosier à Saint-François, sable clair bordé de palmiers et complexes touristiques se succèdent. La Pointe de la Verdure, à 10 min seulement de Pointe-à-Pitre, possède certaines des plages les plus fréquentées (le week-end en particulier) et un grand nombre d’hôtels de luxe et de discothèques. Tout proche, le vieux village de Gosier domine sur fond de mer turquoise l’îlet du même nom, surmonté d’un phare rouge et d’un bouquet de végétation. De la place principale, la vue est magnifique. N’hésitez pas à emprunter le court escalier descendant à une anse lilliputienne. De jolies barques colorées et quelques voiliers se balancent là, servant de tremplin à des familles de pélicans. Un service de navettes permet de se rendre sur l’îlet du Gosier, réputé pour sa plage naturiste.

Une quinzaine de kilomètres vers l’est, Sainte-Anne, une ancienne ville sucrière, est désormais en plein coeur de la « côte du farniente ». La plage longeant la route est agréable, mais celle de la Caravelle, sur la pointe fermant la baie à l’ouest, l’est bien davantage encore. Appartenant au Club Méditerranée, elle est cependant ouverte au public. Difficile de l’affirmer, tant l’éventail est large, mais on dit souvent qu’elle est la plus belle de toutes. Des vagues douces viennent y lécher un sable blond jusqu’au pied de cocotiers gracieusement courbés.
Quinze kilomètres supplémentaires et vous atteignez Saint-François, paisible bourgade de pêcheurs devenue haut lieu du tourisme guadeloupéen. Sa marina est aujourd’hui la plus importante de l’île après celle de Bas du Fort et les infrastructures touristiques ont poussé un peu partout. On peut y pratiquer la voile et tous les sports nautiques, tout comme le golf, le tennis ou l’équitation. Les adeptes du sable chaud se régaleront à la plage des Raisins Clairs, qui tire son nom des arbres qui la bordent, des résiniers aux feuilles larges et aux fruits verts arrangés en forme de grappes.

Chaque année, en janvier, la joie descend dans les rues. Depuis des semaines, on prépare les costumes. Pendant quelques jours, la liesse va s’emparer de tous. Mardi Gras: diables rouges, monstres en tous genres, nains et géants défilent en farandoles ininterrompues. Du bébé au vieillard, tous participent, grimés et masqués. Le soir du mercredi des Cendres, une foule immense, vêtue de noir et de blanc, accompagne le mélancolique Vaval jusqu’à sa dernière demeure. Avant que l’aube n’arrive, le dieu de la fête se consume sur un immense bûcher dans un adieu déchirant aux réjouissances.

De Saint-François, la route, longeant l’océan, mène en une dizaine de kilomètres à la Pointe des Châteaux, une sorte de Finistère contrastant de manière flagrante avec les paysages jusqu’ici traversés. Les assauts de l’Atlantique y ont inlassablement sculpté la roche friable de la falaise. Un sentier à travers les broussailles conduit en une dizaine de minutes au pied d’une grande croix de ciment d’où la vue porte jusqu’aux îles inhabitées de la Petite Terre et, au-delà, jusqu’à la Désirade. Vers l’ouest, derrière les Grandes Salines abandonnées, on distingue les belles étendues de sable de l’Anse Tarare et de l’Anse de la Gourde, lieux de baignade tout désignés.
De retour à Saint-François, on poursuit généralement vers le nord, en direction du Moule, pénétrant sur le territoire des plantations de canne. De manière épisodique, les ruines de sucrotes, d’anciens moulins servant à broyer la plante pour en extraire le sucre, agrémentent le paysage. En chemin, vous passerez sur votre droite la petite maison de planteurs de Zévallos. Dans l’intérieur des terres, la distillerie Bellevue perpétue la tradition du rhum. Les jours de travail, de février à juin, saison de récolte, vous aurez toutes les chances d’y croiser un cabrouet venant livrer sa canne.
Le Moule ne se distingue guère par sa plage, mais par le très intéressant Musée Edgar-Clerc, abritant une magnifique collection d’objets arawak et caraïbes découverts dans les environs.

En remontant vers la pointe septentrionale de Grande-Terre, fief de longue date de l’aristocratie sucrière, une mer de canne ondule à l’infini, entrecoupée ici et là des silhouettes d’autres sucrotes délabrées. A la Porte d’Enfer, les vagues ont formé une longue tranchée, particulièrement propice à la baignade. Mieux vaut y venir en semaine tant la foule s’y presse le week-end.
A l’extrême nord, la route s’arrête à la Pointe de la Grande Vigie. Un court sentier mène au faîte de colossales falaises plongeant dru dans l’océan. Dans le ciel, les frégates volent majestueuses, portées par des courants ascendants. A cet endroit, au XIXe siècle, vivaient encore dans une réserve les derniers descendants des Indiens caraïbes aujourd’hui disparus.
Sur la route du retour vers Pointe-à-Pitre, prenez le temps de vous arrêter à Port Louis, baigné par la superbe Anse du Souffleur, idéale pour piquer une tête. Morne-à-1’Eau est quant à elle connue pour son étonnant cimetière aux tombes entièrement recouvertes de carreaux noirs et blancs en damier. A l’est des Abymes, peu avant d’atteindre Pointe-à-Pitre, des routes tortueuses s’enfoncent vers les Grands Fonds, une région où s’accumulent bizarrement des centaines de collines. C’est dans ce coin isolé que se réfugièrent en 1794 les petits planteurs blancs tentant d’échapper à la guillotine de Victor Hugues. Les Blancs-Matignon, comme on les appelle, refusent aujourd’hui encore de mêler leur sang à celui des étrangers ou des descendants de leurs anciens esclaves.

Autour de Basse-Terre

En descendant le long de la côte orientale de Basse-Terre, on passe Petit-Bourg, porte d’accès au parc floral de Valombreuse, puis Goyave. Sainte-Marie, quelques kilomètres plus loin, doit son nom à Christophe Colomb. C’est ici que le navigateur et ses hommes débarquèrent en 1493, provoquant la fuite des Caraïbes. Un buste du Génois, sur la place du village, commémore l’événement.
A mi-chemin de Sainte-Marie et de Capesterre, difficile de ne pas remarquer le temple hindou aux nombreuses divinités de plâtre peintes de couleurs vives. Construit par les immigrants venus travailler dans les plantations au XIXe siècle, il reste très fréquenté par la communauté hindouiste. La région, propice à la culture de la banane, s’enorgueillit de nombreuses plantations. Il est possible, les jours d’activité, de visiter celle de Grand Café. Vous aurez sans doute remarqué que les régimes sont enveloppés dans des sacs en plastique: cela dans le but d’accélérer leur mûrissement.

Après Capesterre, que l’on atteint au milieu des flamboyants, la route s’engage entre deux majestueuses rangées de palmiers royaux: c’est l’Allée Dumanoir.
En poursuivant vers le sud, juste avant Bananier le bien nommé, une petite route tortueuse grimpe en direction des chutes du Carbet, passant à proximité de plusieurs exploitations florales, dont quelques-unes sont ouvertes au public. C’est l’occasion de se promener au milieu d’une profusion de magnifiques anthuriums, heliconias et autres oiseaux de paradis et, peut-être, d’en acheter quelques-uns avant le retour. La route pénètre ensuite la forêt, longeant un instant le Grand Etang, puis atteint le belvédère, d’où on aperçoit sans peine deux des trois chutes. Un sentier un peu boueux, encadré par des fougères arborescentes, mène en une demi-heure à la plus proche, dégringolant de la montagne sur près de 110 m. C’est une excursion très populaire auprès des Guadeloupéens et il est préférable, si vous tenez à profiter de la sérénité des lieux, d’y venir en semaine.

A Trois-Rivières, port d’embarquement pour les îles des Saintes, le parc archéologique des Roches Gravées, situé sur la colline dominant le port, regroupe dans un agréable cadre de jardin tropical plus de 200 pétroglyphes dus aux Indiens arawak, les premiers habitants de l’île. On y reconnaît sans peine des visages humains et de multiples figures géométriques. Quelques kilomètres à l’ouest de Trois-Rivières, la plage de Grande Anse possède un beau sable noir.
Dépassant la pointe sud de l’île, voilà Basse-Terre, le chef-lieu administratif de la Guadeloupe, une petite ville endormie sans véritable prétention touristique. De là, une route sinueuse s’élève en direction de Saint-Claude, longtemps resté le lieu de villégiature de prédilection des familles de planteurs, puis vers la Soufrière. Juste après l’entrée du parc, la Maison du Volcan vous renseignera sur l’activité de la montagne, dont les « explosions de vapeur », en 1976, provoquèrent au milieu de force controverses l’évacuation de tous les habitants de la région de Basse-Terre. Finalement, aucune éruption n’eut lieu. De la Savane à Mulets, au bout de la route, à 1142 m d’altitude, un sentier pierreux s’élève rapidement vers le sommet, atteint en une bonne heure de marche. Le paysage que vous découvrez est lunaire: de la terre pelée, trouée de monstrueux évents, s’élèvent dans un bruit cataclysmique de colossaux nuages de vapeur.

De Basse-Terre, la route remonte le long de la côte occidentale de l’île, épousant un terrain accidenté de caps et de promontoires rocheux. Si, jusqu’à Bouillante, le sol semble relativement aride – les pluies, retenues par la Soufrière, ne parviennent pas jusque là -, la végétation reprend ensuite ses droits dans une débauche de fleurs et de chlorophylle. Face au hameau de Malendure, l’îlet de Pigeon est, grâce à l’intervention du Commandant Cousteau, devenu une réserve sous-marine. On peut y plonger au milieu d’un arc-en-ciel de poissons bigarrés ou, si l’on préfère, embarquer à bord d’un bateau à fond de verre.
Peu après, à Mahaut, il vous faudra décider de la voie à emprunter pour le retour vers Pointe-à-Pitre. La route de la Traversée, la plus courte, coupe Basse-Terre en son coeur par le parc national de la Guadeloupe. C’est l’occasion d’une agréable promenade à travers les 30000 ha de cette magnifique forêt tropicale où foisonnent acajous, fougères arborescentes et plantes épiphytes de toutes sortes. L’une des excursions favorites consiste à se rendre à la cascade aux Ecrevisses, une petite chute située dans un beau cadre sauvage, prétexte à de joyeuses baignades dans l’eau fraîche. Auparavant, vous aurez passé la Maison de la Forêt, d’où un réseau de sentiers invite à d’autres promenades.

L’autre option, plus longue, consiste à poursuivre la remontée du littoral. Passé Mahaut, la route atteint Pointe Noire, puis Deshaies, un adorable village de pêcheurs niché au fond d’une baie bien protégée. On y pratique la plongée sous-marine avec assiduité. Peu après, Grande Anse, un magnifique arrondi de sable clair, reste malgré les ravages d’un ouragan – les cocotiers y ont perdu la tête – une des plages préférées des Guadeloupéens.
Tout au nord, dans la région de Sainte-Rose, la seule de Basse-Terre qui échappe à l’emprise des montagnes, la culture de la canne à sucre demeure l’activité principale. C’est ici que débarquèrent en 1636 les 550 hommes à l’origine de la première tentative de colonisation de la Guadeloupe. On peut visiter dans les environs la distillerie du domaine de Séverin. Celle de Rémonenq, qui a cessé toute activité, a été convertie en un intéressant Musée du Rhum. On y trouve de surcroît une galerie d’insectes.

Marie-Galante

Baptisée par Christophe Colomb du nom d’un de ses vaisseaux, Marie-Galante, à 40 km au sud-est de la Guadeloupe, est depuis son introduction au XVIIe siècle par Constant d’Aubigné, le père de la future Madame de Maintenon, le royaume de la canne à sucre. D’un bout à l’autre de l’île, les champs ondulent sous les alizés, piqués ici et là des ruines d’innombrables sucrotes. A l’est de Grand Bourg, où accoste le ferry, on peut visiter les vestiges du château Murât, en fait une vaste plantation dont ne subsistent guère que les murs de la demeure et le vieux moulin à broyer la canne.

Ailleurs, on assistera à la fabrication traditionnelle du rhum, réputé parmi les meilleurs du monde. Sur la route de Saint-Louis, dans une usine antédiluvienne, la distillerie Poisson produit le célèbre rhum du Père Labat, du nom du père missionnaire qui, à la fin du XVIIe, le fit connaître et perfectionna sa méthode de distillation. Les machines sont les mêmes qu’au début du XXe siècle et le tout fonctionne, tant bien que mal, dans un capharnaüm épouvantable. Moins connue mais tout aussi ancienne, la distillerie Bielle, entre Grand Bourg et Capesterre, à l’est, mérite également une visite.

Pour le reste, Marie-Galante possède quelques-unes des plus belles plages de la Guadeloupe. Près de Capesterre, celles de la Feuillère et de Petite Anse soulignent de leur sable clair deux arcs de cercle parfaits. Attention toutefois à la force des rouleaux. A l’autre bout de l’île, passé Saint-Louis, la plage de Moustique et celle de l’Anse du Vieux Fort s’alanguissent, idylliques, au pied de cocotiers débonnaires – cette fois, c’est des noix de coco qu’il faut se méfier s’il y a du vent !

La Désirade

Généralement délaissée par les touristes, la Désirade, flottant à l’est de la Pointe des Châteaux, plaira à ceux qui recherchent la tranquillité absolue. Aride et désolée, elle compte en tout et pour tout 200 habitants, vivant chichement de l’agriculture et de la pêche. Au début du XVIIIe siècle, par peur de la contagion, on exila de force, à l’est de l’île (à Baie-Mahault, où subsistent quelques vestiges de la colonie), les lépreux de la Guadeloupe. Quelques familles de « petits Blancs » pauvres, dont certains descendants de familles nobles, ruinés ou bannis de leur famille, s’installèrent à leur tour à l’ouest. Peu d’activités au programme, si ce n’est la baignade, le long de belles plages désertes, et la plongée.